Amitié Tarare - Konakovo

débat politique ( affaire Litvinenko ) à la séance CLAP 2008

samedi 5 avril 2008 par GT

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( voir aussi NEKRASSOV dans la rubrique "découvertes"

voir aussi l’article de presse dans la rubrique " presse tararienne")

soirée cinéma au cours de laquelle ATK

- a participé au débat

- a offert blinis et vodka...

- le film

"Rébellion", qui cite notamment des anciens agents secrets russes, est une charge "hallucinante" contre les services secrets russes et le régime de Vladimir Poutine.

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- Dans Rébellion, film touffu, parfois difficile à déchiffrer pour qui ne suit pas de près les tribulations de la Russie, le cinéaste s’interroge sur le chemin qui a fait retomber son pays dans l’ornière policière.

"Le titre original devait être Un amour étrange, explique Andreï Nekrassov dans un entretien au Monde, d’après un vers de Lermontov "Je t’aime Russie, d’un amour étrange", parce que les grands artistes russes ont été des dissidents. Aujourd’hui Dostoïevski serait en prison."

Avant de rencontrer Alexandre Litvinenko, en 2000, à son arrivée en Grande-Bretagne, Andreï Nekrassov avait entrepris de rassembler des images d’archives montrant tous les avatars de l’appareil de sécurité soviétique, puis russe... C’est à ce moment que, pigiste pour la BBC, Andreï Nekrassov rencontre Litvinenko à Londres. En lui, personnage disert, qui a lu et réfléchi, le réalisateur a trouvé son héros positif, un homme qui connaît le système de l’intérieur et l’a rejeté. Mais Nekrassov ignorait bien sûr la conclusion que l’empoisonnement de celui qui était devenu son ami imposerait au film.

Produit sur une période de sept ans, le film a été financé de bric et de broc. Nekrassov et sa coproductrice Olga Konskaïa expliquent que de nombreux contributeurs russes ont souhaité garder l’anonymat. Parce que Boris Berezovski apparaît à l’écran (dans un entretien recueilli en 2001) et parce que Litvinenko était proche du milliardaire, on se demande s’il a contribué au financement de Rébellion. Olga Konskaïa explique avoir obtenu la très modeste somme 15 000 dollars (11 150 euros) de la Fondation pour les libertés publiques de l’homme d’affaires. Andreï Nekrassov, surpris et contrarié, affirme tout ignorer de cet apport.

Reste le problème de la diffusion de Rébellion en Russie. Pour l’instant, les espoirs sont minces !

extrait d’un article du Monde de Thomas Sotinel

- débat

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Arnaud KALIKA ( ancien élève de l’Institut Pouchkine de Moscou, diplômé de l’Institut Supérieur des Affaires de Défense ) a séduit l’auditoire par ses interventions claires et synthétiques. Aux questions posées voici quelques éléments de réponse :

. Suivant les avis prompts et unanimes de la presse occidentale, est-on sûr de l’implication de Poutine sur cet assassinat ?

- On ne peut ni le confirmer ni l’infirmer ! En fait, Poutine n’est pas l’homme qui peut tout décider de son écran. Il est même jugé un ’faux puissant’ ( он не хазяни ! Il n’est pas le maître ! estiment certains de ses opposants ). Le pouvoir en Russie est complexe. Mais ce qu’on peut admettre c’est que ce crime sonne comme un avertissement à tous les ’traites’ ( du service de sécurité ) qui peuvent être liquidés même à l’étranger...

. Autre acteur principal, Berezovsky. Litvinenko a été son protégé, puis des rumeurs l’ont dit près de lâcher des informations sur lui au FSB...

- Poutine à été soutenu par Berezovki, qui l’a présenté dans son milieu d’oligarques comme défendant les mêmes valeurs libérales qu’eux-mêmes. Ce même Berezovki , avec quelques autres(Goussinski et Khordorkovski) furent écartés par Poutine pour laisser le Kremlin dessiner son propre capitalisme d’état et à sa tête Poutine pour remplacer ces oligarques.

Certes B n’est pas le champion libéral tel qu’on le voit chez nous. Cet oligarque qui s’est enrichi dans les années sombres où la Russie a été pillée joue depuis l’étranger un bras de fer contre le pouvoir russe d’aujourd’hui. De là à le soupçonner dans cette affaire ... !

. Où en est l’enquête anglaise, et verra-t-on un TPI sur cette affaire du point de vue international ?

- Ce meurtre n’est pas un crime contre l’humanité, seules les justices anglaise ( ça s’est passé sur son territoire ) et russe sont habilitées à enquêter. Pour la justice anglaise, l’affaire semble entendue : Lougovoï est venu assassiner Litvinenko en Angleterre. Mais celui-ci vient d’obtenir l’immunité .

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1er livre de A Kalika
Tchétchènes contre Russes ? La réalité est loin de cette vue manichéenne. Le lecteur rencontrera ici des Tchéchènes anti-Russes tout à la fois islamistes par intérêt, indépendantistes de coeur et fonctionnaires à temps partiel dans une milice pro-russe, mais aussi des T partisans de Moscou ou des militaires R coupables de trafic d’armes avec les séparatistes...

. Que penser de l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa qui accuse Poutine de décimer le peuple Tchétchène ?

- A P n’affirme pas que Poutine s’acharne contre le peuple Tchéchène ! La guerre en Tchétchénie est certes beaucoup plus complexe ! Mais Anna Politkovskaïa a dénoncé sans relâche les horreurs de cette guerre tant pour les civils Tchétchènes que pour les jeunes soldats russes appelés, dénonçant avec force les exactions de l’armée. Quant à son assassinat, on découvrira le coupable, c’est sûr, mais sera-t-on sûr des commanditaires...

( * )

. Ce film est un pamphlet incroyable contre le chef du Kremlin. A-t-il été vu en Russie, et le réalisateur n’est-il pas excessivement courageux ?

- Il n’est certainement pas diffusé en Russie. Il est d’ailleurs peu diffusé chez nous. Bravo au CLAP ! ( Mais Denis nous précise : en 3ème semaine d’exploitation, lorsque le CLAP est entré en relation avec le distributeur du film, une seule copie sur 10 était à ce moment-là, en exploitation. Aujourd’hui, lundi de Pâques, 5 copies sont projetées en France... ça monte ! ). Quant à A Nekrassov, il lui a fallu un courage certain, mais il faut savoir qu’il est sous la protection de Mikhalkov, ce qui le met tout de même moins en danger ! D’autre part, il faut reconnaître que les Russes se désintéressent du cas Litvinenko. D’ailleurs nos pays occidentaux aussi, dont les dirigeants ont besoin d’un état stable en Russie, comme on le voit longuement dans le film ( la légion d’honneur donnée à Poutine, les diatribes de Gluksman sur le laisser-faire assassin des chefs d’Etats européens...)

. Ce film m’a mis mal à l’aise :

avec beaucoup d’émotion et de drames, il assène des images-choc où toutes les époques et les situations se mélangent ( coller la photo d’un enfant déchiqueté à l’image lisse du président ne sert pas la réflexion...),

ce qui contraste avec le travail méthodique qui sert la thèse suivante : Poutine et les gens du FSB sont des barbares

On a besoin d’un débat qui permette un jugement avec des nuances : comment parler politique avec des amis russes si de chaque côté on n’entend qu’un seul trop gros son de cloches ( pas le même bien sûr !) ?

- Il est certain que les rapports des français avec les russes ne sont jamais fades. L’histoire le montre ou bien l’on exècre ce peuple ( ce qui se ressent de la diatribe de Glucksman ) ou bien on est sous le charme ( citons Voltaire et Diderot...)

Il n’empêche que l’on peut tout-à-fait parler - échange franc sans concession - avec des Russes ! A la différence des pays d’Europe, les Américains et les Russes aiment le dialogue frontal.

Eh bien c’est ce que nous ferons au mois de mai, en allant visiter avec nos hôtes le musée Sakharov à Moscou !

- quelques réactions d’ATK à ce film par la voix de quelques adhérents :

* Il est intéressant de comparer ces 2 opposants assassinés ( espion/journaliste ) : l’un est "du sérail" qu’il aurait trahi ( dont il aurait dénoncé les travers ), sans doute intègre et courageux ; a choisi l’émigration des oligarques. L’autre est une professionnelle intègre et courageuse restée en Russie pour donner la parole à ceux qui ne sont pas entendus par le pouvoir...

- A la médiathèque nous avons eu une rétrospective de la politique Russe de la fin du communisme à nos jours. Cela nous a aidés à nous replonger dans ce monde. Le débat avec Arnaud Kalika était très bien car il n’y avait aucun parti pris. Je ne dirai pas la même chose du film, d’ailleurs Arnaud n’a pas dit le contraire. Le film était trop dirigé, nous n’avons eu qu’un point de vue. Litvinenko n’était pas, à mon avis, blanc comme neige, mais malgré tout, son assassinat est une illustration des travers de la politique, non pas dans son expression populaire, mais plutôt dans la forme qu’elle revêt lorsqu’elle est liée à la mafia. Poutine n’est qu’un pion sur l’échiquier. De ce débat il en est ressorti, pour mon compte, une vision de la politique russe qui est pire que ce que j’en pensais. J’espérais pour ce peuple un autre changement, un peu + démocratique, même s’il ne peut être à l’égal de la France ! Dommage que cela soit toujours profitable à une minorité (comme d’habitude !). Claude

- Avant d’assister au film, je n’étais pas très au courant de l’empoisonnement de l’espion russe. J’ai bien apprécié la soirée ; le débat était intéressant. Je ne sais pas que penser de Poutine ; je trouve qu’il ne montre pas ces émotions et comme Arnaud l’a dit dans le débat, il n’est pas aussi puissant qu’on pense. André pense, lui, que Poutine n’a pas eu la tâche facile car dans l’état où était la Russie, il fallait un homme "à poigne" pour la gouverner. Cependant il y a d’autres méthodes que celle de faire assassiner les gens, si bien sûr il en est l’initiateur. Cette soirée m’a permis de découvrir les problèmes russes, la guerre de tchétchénie. Et merci aux personnes qui ont préparé la collation ; elle fut bien appréciée. brigitte

- Je n’ai pas aimé le film que j’ai trouvé confus , mal ficelé. Par contre la personne qui animait le débat avait l’air très compétente et pas trop partiale ( me semble-t-il ) sur le vaste sujet de la Russie d’aujourd’hui. Le débat a surtout tourné autour de vos interventions respectives et votre perception du sujet. Au sujet de Politkovskaîa, et de son histoire qui avait surtout été médiatisée en Occident, j’avais déjà entendu cet argument qui fait un peu froid dans le dos , car il semble signifier qu’on peut ’’impunément’’ faire disparaître qui on veut, tant les gens ont d’autres soucis( quotidiens ) que de lire la presse. Yves

- Je demande de réfléchir à cette analogie : Napoléon était vraiment un brave type, malgré tout ce qu’on peut en dire. La preuve, ce n’est pas lui qui a tué le duc d’Enghien, ce dont on l’accuse encore à tort. Robert

Un débat qui demande à s’étoffer ! Tant il est dur et passionnant de toucher à ce sujet...


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