Amitié Tarare - Konakovo

vues d’un oeil neuf

jeudi 27 mars 2014 par GT

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Après les soucis administratifs habituels pour un visa, la galère de la route, du passage à l’unique frontière ( les 1ers voyages, on en passait 4 ou 5, ne nous plaignons pas ! ), une certaine déception de ne pouvoir vivre seul en moujik dans un abri à chauffer, avec des repas à préparer... me voici "invité" ! Chaleureusement, confortablement... Heureux comme un poisson dans l’eau... d’un bocal doré !

Autre déception ( tout aussi vite balayée...) : pas d’hiver russe, cette année ! Pas de neige sur les routes, plus beaucoup dans les champs et les forêts... Restent la glace des chemins sur les passages des roues ayant tassé la neige, la Volga gelée et ses "pêcheurs sur les eaux"... Mais cette année, les voitures ne s’y aventurent plus ( on a contrôlé à la hache l’épaisseur de la couche glacée ) en ce début de mars. Pratiquement jamais vu d’hiver si doux, nous dit-on. Quand on se souvient dans ce même coin de Russie de la grande route nationale bloquée 2 jours par la neige l’hiver dernier...

Konakovo et sa nouvelle place, où les enfants sont invités à faire des tours de poneys... toujours de plus en plus belle ! ( faut dire qu’elle vient de loin en matière de pittoresque...)

Dans une école de la ville, les cours de français ont repris !!! Irina, qui avait dû aller travailler à Klin faute d’élèves à Konakovo, a le sourire : plus de 40 élèves se sont mis à l’apprentissage du français ! On croit rêver ! si Elena pouvait avoir le 10ème de cet effectif dans ses cours de russe à Tarare...

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tourisme

Vologda

Une "petite" capitale régionale... Curieusement elle semble bâtie d’un même côté de la rivière Vologda, de l’autre côté, des champs... Comme dans toutes les villes russes, entre les blocs d immeubles, de larges avenues, de très larges rues où il est quand même difficile de circuler : en plus du trafic, commun à toute grande ville, il y a les nids de poules, communs à toutes les villes russes.

Comme toute ville fondée avant le communisme, Vologda possède de nombreuses églises ( pratiquement les seuls points pittoresques de ces villes autrefois construites en bois ), toutes plus belles les unes que les autres, son très beau kremlin blanchi, construit au bord de la Vologda, pas complétement gelée ( il doit y avoir plus de courant que dans cette paresseuse Volga...). A l’intérieur du kremlin, des palais-musées, une ancienne demeure en bois. Jouxtant l’enceinte ( le kremlin ), l’impressionnante kolokolnia vocabulaire anecdotique... ), et, à côté, l’église Ste Sophie.

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au loin Batioushkov

On voit bien sûr l’inévitable statue de Lénine, mais aussi celle de "leur Pouchkine" : le poète Batiouchkov, aux côtés d’un cheval de bronze plus vrai que nature... sur la prospekt ( perspective ) Lénine, on a monté pour l’hiver une impressionnante piste de saut à ski... Je ne verrai pas de sauts : l’hiver est fini...

Autres coins pittoresques :

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- l’imposant monastère Prilutski, aux portes de la ville ( il est à l’origine de sa fondation ). Il a son kremlin, sa kolokolnia, ses églises dont celle dédiée a St Dimitri, qu’on ne peut visiter... Mais, sous la crypte, la chapelle ou reposent les reliques du saint, une icône qui me surprend : la Vierge "de la passion" : elle tient son fils qui regarde, en arrière, l’ange annonciateur qui lui-même montre à Marie la croix de la Passion...

- усoдба - l’usadba ( la propriété ), le manoir de la famille Briantchaninov, dont le plus illustre est un saint orthodoxe, Ignace Briantchaninov, évêque dans le Caucase, mais dont des monastères de plusieurs régions de Russie portent le nom. Mais aussi le prince Vladimir, russe blanc émigré en France, dont les restes, rapatriés de Meudon, viennent d’être inhumés à côté d Ignace.

- дача - la datcha de mes hôtes...

Ferapontov

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Dans la région de Vologda, ne pas rater les merveilles inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO : le monastère de Cyrille du lac Blanc et son voisin, celui de Ferapontov. Je ne rate pas ce dernier...

Après plus de 100km de route ужасная ( terrible...), on arrive dans un autre bout du monde, un gros village havre de paix. Là encore un kremlin, entourant un ancien monastère. Au centre, l’église de la nativité de la Vierge avec des fresques du Moyen-Age russe. Peintes par Dionisius le Sage ( qui a peint aussi sur les murs d’une église du kremlin de Moscou ) et ses fils au milieu du 15ème siècle, elles sont très bien conservées. Un travail extraordinaire exécuté en quelque 3 mois.

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déconvenues légères

1/ fier de ma chapka ( 10 ans déjà, mais si peu utilisée ! )> Quand je me rends compte qu’ainsi coiffe je faisais un peu honte à mes hôtes... Je coiffe désormais mon chapeau chazellois ! Mais, va falloir que je change le titre de cette rubrique !

2/ fier de dire à ce promeneur matinal que je viens de loin, que je suis français !
- Ah oui, la France... mes enfants y sont allés... pas séduits du tout... ont de loin préféré les Italiens, ces gens si gais...

3/ déconvenue moins "légère" ! le passage à la frontière au retour. Ah certes, les tracas administratifs sont légion et insupportables en Russie, mais le pire de mon séjour a été celui de la rentrée en Europe : mon fabuleux pique-nique préparé par mes hôtes passe à la poubelle ! Le douanier letton - au demeurant très sympa - me l’explique : on n’entre pas en Europe de la nourriture fraiche de Russie ! c’est la consigne européenne !

4/ enfin, cette réflexion en fin de parcours : où sont les "beuveries" d’antan ? Je n’ai pas bu une seule vodka !!! Ou du moins, une ou deux, que j’ai dû réclamer ! Faut dire que mes hôtes, mes amis, ont aussi pris de l’âge, de la sagesse, de la mauvaise santé ? Ah ! ce время ( vocabulaire anecdotique...) qui nous use...

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voyeur à l’office

comment comprendre la liturgie ?

Mais d’abord, j’observe la foule. 3/4 de vieilles femmes. Parmi elles, des "servantes" qui vendent cierges et icônes, qui recueillent les prières écrites par les pratiquants (pour les transmettre aux prêtres ensuite ?), qui s’occupent de la garde-robe, qui ouvrent et ferment les portes de l’iconostase au passage des prêtres, qui essuient, sur les vitres des icônes les passages des lèvres et des fronts... Pour le dernier 1/4, des enfants, des hommes, simples moujiks pas dégrossis ou messieurs importants, bien vêtus "classe". Une femme jeune, superbe, dans un manteau de fourrure... ah non ! celle-ci achète la plus belle icône et ressort... Et, simple sous son châle modeste, cette jeune fille aux yeux mouillés qui m’émeut tant... ( moi aussi, j ai les glandes lacrymales trop développées ).

J’observe le récitant( ?) qui prépare la foule avec des prières lues recto-tono qui n’en finissent pas. J’observe le chœur : une ("bonne") soprane, quatre alti, deux hommes, pour plus de 2 heures de liturgie chantée... On excuse les apartés sonores qu’ils s’échangent pendant que le prêtre officiant chante à son tour, et qui ne semblent rien à voir avec la liturgie...

Enfin, j’observe les popes : l’un est préposé à la confession, dans une chapelle de l’église, et une 50ne de paroissiens le rejoignent et attendent patiemment leur tour. Vont-ils pouvoir tous être blanchis avant la fin de l’office ? Largement ! l’office est si long. Puis, tandis que se poursuit la messe, le pope de quitter l’église, lentement, majestueusement. On se présente à son passage pour obtenir une bénédiction - ce qu’il fait sans agacement, avec un rien de condescendance teintée de connivence. Il va même sourire et blaguer avec quelques-uns de ces paroissiens ! "l’élément humain" dirait Schmitt.

Quant aux autres popes, leurs déplacements ressemblent à la fausse anarchie du cirque. Plusieurs fois les portes de l’iconostase s’ouvrent et se ferment - mais aussi un sombre rideau derrière. Ils font leur apparition, leur disparition ( ce qu’ils font derrière l iconostase me restera secret... Dieu seul le sait, et eux, bien sûr ! ), qui pour transmettre une parole, qui pour encenser les icônes ( un rare moment de déplacement de la foule, j ai failli me trouver à contre sens...), qui pour apporter la communion...

Et quand la messe est dite, ils se fondent dans la foule de ceux qui restent pour encore 30 mn de prières psalmodiées auprès de la croix ou d’une icône de la Vierge.

comment comprendre la liturgie ? même pas en russe !

Je remarque ce "système clérical". La foule ne chantera qu’une fois, pour le Notre Père. Le récitant, le chœur, les prêtres chantent... Ah ! ya plusieurs demeures dans l’auditorium du Père !

Et je ne peux m’empêcher d’admirer l’effort physique de ces vieilles qui, par 3 fois durant l office vont 3 fois s’agenouiller et s’incliner jusqu’à terre ( une fraction de minute on verrait des musulmans en prière, mais sans le tapis ). Et toutes se relèvent, plus ou moins facilement...

Peu d’élus, à la communion - apparemment ceux qui viennent de se confesser et les enfants. On leur donnera, à la cuiller, de la "soupe au vin" ( pain et vin sont mélangés dans le calice ). Mais pourquoi, ensuite, ces communiants font une pause près d’une nouvelle table ou des jeunes filles en fichus leur serviront à nouveau pain et boisson ?

ite misa est

Je suis un voyeur, soit, c’est pour vous le raconter... un moindre mal ? En tout cas, le "sale voyeur" que je suis ( et j’en suis pas fier ! ) observe, c’est à dire, réfléchit à ce qui se passe, "jauge", "juge" les personnes... oui, je les jugerais presque !

Mais alors, quand s’entonne un chant liturgique, je ferme les yeux. Je ne vois plus, je ne pense plus ! je me laisse enfin emporter au pays des anges...

A l’issue de l’office, je peux dire avec Brel : que connais-tu du Bon Dieu ? une icône, un cantique... rien de mieux.

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охрана

( suite )

Il est transparent...

Il n’y a que moi pour l’aborder et lui demander un petit renseignement...

En général, après l’étonnement, les réponses sont brèves, sèches. Quelle n’est pas ma surprise, dans un centre administratif, de tomber sur un homme des plus souriants ! Pouvant, aimant causer ! J’ai du temps à tuer, il a tout son temps... A 3 ou 4 reprises, nous causons. Cherchant même des prétextes futiles à cet échange. J’apprends qu’il travaille ainsi 15 jours, puis il a 15 jours de "w-e". Pratique quand on vit à Tambov, à 500 km...

Quand nous nous quittons ( au bout de 2h de tracasseries administratives, mes amis en ont enfin terminé...), il ne peut s’empêcher de m’adresser, comme tout commerçant, comme tout hôte, comme tout ami en Russie : "Prieszhaete" ! Revenez nous voir ! Dans le moindre recoin impersonnel, il y a place parfois pour une légère, néanmoins, réconfortante relation...


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